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ACD x YMC
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20 avril 2006

Turzi, Magnetophone feat. Sonic Boom (Point Ephémère, 19 avril)

La musique de Turzi représente pour moi le seul réel essai en France de faire rencontrer le r’n’r avec une certaine avant-garde. Certes pour être franc cette avant-garde est déjà dépassé depuis une bonne quinzaines d’année puisqu’il s’agit de la fixation Krautrock du mid-nineties, devenue ainsi la tarte à la crème de tous groupes voulant sortir du cliché bière-santiag-gros riff pour accéder a une musique dite populaire pour faire rêver la bonne conscience artistique sommeillant dans n’importe quels trentenaires du lumpenprolétariat culturel –c’est-à-dire tous les abonnés aux CDD de sous-fifres dans n’importe quel Institutions Culturels, de l’Education National aux divers fonds culturels de provinces type FRAC-. La volonté de sortir des grilles de lectures habituelles de la musique populaire de ces anciens efforts doit être salué ou plutôt devrait être salué si la musique ainsi créée dépassait un statut de papier sonore chez les vaguement branchés de provinces. Le post-rock puisqu’il s’agit de lui a tourné dès sa naissance au fiasco intégral non pour son rejet des clichés mais pour sa volonté d’Intellectuel complexé. Soyons des Intellectuels, d’accord, écartons nous de la piste trop re-battu du rock de camionneurs, puisque nous disposons de suffisamment d’éclaireurs pour pas nous sentir seul dans cette volonté, de Neu! à Wire, de Amon Düül à Subway Sect en passant par The Make-Up (merci Deadyuppie !!!!!), The Monks, Swans, Electrelane, The Pop Group et bien d’autres, on peux construire une véritable histoire du changement de la musique populaire, mais par pitié ne rentrons pas dans le système du mépris sous jacent de la Musique Intellectuel ; c’est-à-dire refusons la tour d’ivoire de l’art actuel, et de son Institutionnalisation, refusons la volonté de l’entre soi qui surgit souvent lorsque la volonté expérimentale prend le dessus, refusons de faire émerger de nouvelles formes pour elle-même comme des objets dont la seule justification se trouve en eux-mêmes, faisons profiter chacun de ces nouvelles formes sans complexe de classes culturels. L’art, en tout cas dans celui-la se doit de passer outre l’élitisme dans lequel il se laisse souvent enfermer et doit parler, parler à tous non dans le système de mauvaise foi de « ce que attend le public » mais dans une volonté sociale d’embrasser sans mépris tous auditeurs. Il s’agit de refuser le cloisonnement social tout comme le cloisonnement formel, d’en faire qu’un seul combat puisque de fait ils sont liés. Si le post-rock a voulu éclater le cadre étroit du rock pour parvenir à autre chose, il a souvent confondu radicalité et prétention intellectuel, confondant ainsi cause et conséquence et pris le chemin inverse de ce qui était l’histoire du krautrock : le krautrock ne s’est pas construit dans une prétention mais dans une volonté de radicaliser formellement le discours du r’n’r, de l’emmener autres part avant de se construire a posteriori comme intellectuel, c’est-à-dire faisant de sa radicalité une posture d’intellectuel. Mais des deux, la volonté de radicalisation vient en premier. Il ne s’agit pas au début de la radicalité pour l ‘intellectualisme, il n’y a aucun complexe vis-à-vis de leurs radicalités. Au contraire derrière beaucoup de groupes de post-rock, il semble n’y avoir aucune recherche formelle pour autres choses que pour une posture. Turzi au contraire se rapprocherait plus dans sa démarche d’un Velvet de la grande époque (comprendre White Light/White Heat), d’un Neu ! constitué de plus de deux personnes toutes aussi folles que les deux membres de départ. Décrire Turzi sur disque, c’est devoir recourir à une pléiade d’influences s’entrecoupant dans un impressionnant magna sonore que l’on dirait construit par un Kevin Shield froid et totalitaire, encore plus forcené que l’original dans l’utilisation de la répétition et de la monotonie. Sur scène, c’est encore plus impressionnant, une sorte de succession de flash aussi indicible que hors de la temporalité, un mélange incroyable de vision, de bruit, de souvenir de l’inconscient collectif, une succession d’instantanés bruitiste d’où sortent diverses mélodies minimalistes, une fureur, une tension immobile, une peur flottante, une transe clouant au sol, une sorte d'Ambient du chaos. Et surtout une représentation la plus convaincante de la répétition du travail, et au moyen de cette répétition, l’accès le plus direct a une véritable aliénation du travail dans sa version la plus extrême. Turzi c’est la musique des camps de concentration, la traduction musicale de tout l’inconscient collectif vis-à-vis des camps de travail nazi. Rien de moins. «Si c’est un homme » de Primo Lévi a sa bande son, il s’agit des concerts de Turzi : tout y est, des stroboscopes à une vitesse étrange suffisamment vite pour découper les mouvements, pas assez pour faire perdre conscience et faire partir vers la transe, aux les silhouettes inquiétantes à la fois gardiens et travailleurs déportés, en passant par ces lumières tranchant la fumée de la scènes comme d’autant de miradors repérable uniquement par ces lumières, bref l'étrange monde oû tout se structure tacitement dans une monotonie certaine et qui dans le cas présent est pourtant libératrice d’énergie. C’en est à tel point que je crois que seuls ceux qui ont travailler dans une usine peuvent peut-être reconstituer un tel spectacle, une même émotion, a la différence qu’ici tout se trouvent amplifié par l’utilisation des symboles les plus subtiles de l’inconscient collectif : ces lumières, ces silhouettes, l’étrangeté d’un concert ou au final l’impression qui demeure c’est celle d’un magna grisâtre continu comme des centaines de machines se mettant en route de façon aléatoire, constituant par leurs bruits, par leurs fréquence d’éphémères mélodies. Il faut également remarquer que leurs univers se constitue comme une sorte « d’immobile mouvant », par une capacité à déconstruire leurs propres chansons de manière proprement soufflante. C’en est à tel point que l’on ne voit pas comment un groupe peut être soniquement aussi soudé que ça. Ainsi ce soir, ils ont déconstruit de manière les moins attendus possibles les titres de « Made Under Authority » livrant un « Jesus Has No Place On The Dancefloor » démentiel pris entre punk, indus et chaos de façon la plus effrayante possible. Si d’autres chansons auront le droit a cette déconstruction, le groupe en transforme d’autres en véritable B.O. pour film de Carpenter, pleine de souffle, s’allongeant vers un chaos final maîtrisé par un batteur véritable Ian Curtis christique. Proche de lui un Romain Turzi plein de retenue quant à son attitude mais livrant de ses synthés et des ses guitares les mélodies minimalistes et répétitives qui marquent leur musique. Sans que l’on puisse dure combien de temps le concert a duré, combien de titres ils ont joués, ni lesquels, le groupe part de scène laissant aux spectateurs le soin de redescendre seul, de retrouver la réalité ainsi que les quelques fauteuils que la salle avait mis contre les murs, seuls. Mais il faut être honnête, peu de personnes dans le public clairsemé semble véritablement se passionner pour ce que livre le groupe sur scène, beaucoup semblant trouver cette musique trop abstraite et brutale pour véritablement la suivre. C’est ainsi que beaucoup iront squatter ces fameux fauteuils (bien confortable cela dit), feront des allers-retours dans la salle pour chercher leurs potes et des bières absolument hermétique a ce qui se déroule sur scène. Pour notre part se sera lors de la deuxième partie que l’on jouera ce jeu. À vrai dire je pense que si, pour l’annonce du concert de Magnetophone, il y a eu un recours a un « Feat. Sonic Boom », ce n’est pas par hasard. Et je me demande toujours s’il a des gens pour écouter leurs musiques autrement que pour dormir. Signer par un 4AD que l’on soupçonne avoir voulu son groupe de post-rock, Magnetophone a pour lui d’avoir des amis culte. Et c’est tout. Musicalement une sorte de Sigur Ros joué par In The Nursery (pour ceux qui ne connaissent pas un groupe de Goth épique proprement insupportable, cher aux rôlistes puisque leurs musique se constitue autour de percussions martiales et de nappe de synthés médiévales). Une guitare, des boucles, un Sonic Boom et hop ! on a l’impression que l’on se retrouve en 1999, lorsque l’Islande était le plus beau pays du monde et que tous le monde s’extasiait devant le chapiteau qu’avait fait construire Radiohead pour faire des concerts qui bien que voulant échapper au star-system se retrouvait avec une belle prétention. Bref voix éthérées de marins islandais bourrés, beaucoup de reverb sur des beat indansables, deux trois drones « bizarre », des chansons de durée défiant toutes décences et hioupla le cliché du post-rock, l’Ambient expérimental…Si deux trois passage sortent du lot, en général c’est pour mieux leurs enlever toutes efficacité par la pseudo délicatesse des voix pleines d’écho. Bref au bout de 4 chansons (soit peut-être une demi-heure voir plus), on décide de rejoindre le bar où l’on se trouve nez à nez avec un organiste jouant sur un bel Hammond de façon expérimental (certes sans le vouloir) mais en tout cas avec une véritable humanité que ne peut avoir Magnetophone malgré les diverses tentatives de Sonic Boom pour remonter le niveau. Növö Y
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