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ACD x YMC

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ACD x YMC
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17 novembre 2006

Valise.

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28 octobre 2006

Non-stop festival II, Salle Daguerre, Eldia, Emotion Akin To Terror, Sheraff (7 octobre 2006)

Bien que ça fasse plus de deux semaine et demie que je suis aller au festival de Bry Sur Seine (alias Non-Stop Festival, l’Are You Loaded de Emotion Akin To Terror, mais en mieux quand même) je suis déterminé à faire ce compte-rendu, ne serait ce que pour réactiver un peu ce blog (d’ailleurs la défection de Novö X me paraît tous les jours de plus en plus inquiétante).
De longue date j’avais prévu d’aller dans cette merveilleuse contrée du GrandParisCulturel, et d’ailleurs il faut bien l’avouer uniquement dans le but de voir les T.V. Set en concert. Et Non-Stop devait être le premier. Malheureusement, depuis la rentrée, les T.V. Set vont de dislocation en dissolution, entre un guitariste lead partit chercher la gloire (hum hum) avec son propre groupe (les Fools pour ceux qui ne sont pas au courant des relations incestueuses désormais passées entre Fools et T.V. Set) et un bassiste visiblement aux abonnés absents, le tout ayant conduit à l’annulation des T.V. Set de la programmation. Prévu dans le programme initial, un autre groupe que la curiosité m’aurait bien poussé à aller voir, Blackpool, qui, malgré le fait que je n’avais qu’envie d’en écrire du bien, en a disparu, laissant la place à Eldia.
Blackpool remplacé par Eldia, les T.V. Set par Sheraff, je me suis quand même laissé convaincre par un Deadyuppie en civil pour aller voir Emotion Akin To Terror, peu convaincu par les promesses de Sheraff (ce en quoi je me trompais total) et peu alléché par la description d’un concert d’Eldia par DeadY (de mémoire «Ils font des solos et à un moment le guitariste a repris du Santana » -oui, oui, Santana-).
Cet alignement de concert réuni sous un prétexte plus ou moins fallacieux type « heu on aide les groupes de la ville » pour séduire la mairie et obtenir la Salle Daguerre, sorte de salle des fête municipale (si j’ai bien suivi) devait commencer à 18h. Mais a cause du non-empressement de certains, nous (Emy, DeadY et moi) sommes arrivés vers un bon 20h30, juste à temps pour voir le deuxième groupe entamer sa dernière chanson sur un (enfin je crois me souvenir) « c’est une ballade ». La ballade commence avec une guitare bien désaccordée (infiniment sympathique pour cela), une basse bulldozer et une batterie métallique.
Le groupe s’appelle The Fucking Neighbours et c’est visiblement les petits protégés de Emotion Akin To Terror. Sur leur page Myspace, les chansons mises en écoute sont certes anodines mais totalement honnêtes ; en concert ça a l’air un peu brouillon, bien que très sympathique également (leur no look est assez exceptionnel). Voilà ce que je peux en dire.
Le concert s’achève donc, nous sommes dehors et rejoint par l’entier ou quasiment de la salle, soit une toute petite soixantaine de personnes.
E.A.T. est déçu du peu d’affluence, accuse la Nuit Blanche de faire une concurrence déloyale et se rappelle l’année précédente qui selon les témoins aurait regroupé 300 personnes.
Peu après la fin de la pause cigarette en extérieur, Eldia monte sur scène, teste vaguement trois-quatre instruments, montrent leurs gueules de faux lads dépressifs presque trentenaires totalement tête à claque looké-à-la-cool pour étudiante en histoire de l’art (pas trop skinny parce que sinon, on verrait que du lads, ils ont l’entraînement spécial bière).
À vrai dire je n’ai pas de souvenir précis de ce concert mais une impression tenace d’entendre d’une part toujours la même chose et d’autre part un truc particulièrement médiocre. Donc je ne sais plus trop comment a commencé le concert, simplement qu’Eldia est content, ils ont trouvé un morceau et ne le lâche plus, le déclinant à l’infinie ou presque.
Donc Eldia. S’ils sont bons techniquement (et même très bons), ils feraient mieux d’éviter de composer tant cela est lamentable. Et par moments on a presque l’impression qu’ils s’en rendent compte : le chanteur (et accessoirement le redoutable guitariste solo) tente un essai de communication avec le public en lançant ce qui est sensé être une blague ironique mais qui ne devrait être qu’une redoutable vérité : « on peut faire des reprises, on est groupe de bal ». Et effectivement ils auraient mieux fait plutôt que nous servir la formule atterrante de leurs compos : la mélancolie des Libertines façon « What Katie Did » percuté de plein fouet par le lyrisme de Muse. Toutes les chansons sont trop longues et s’épuisent en 20 secondes tant les recherches mélodiques et/ou autre sont abouties. Il n’y a aucune efficacité, des remplissages par de (mauvais) solos. Chaque effort est aussi lamentable que poussif.
Sans compter que ces gens-là reprennent à leur compte toute la culpabilité indie: personne ne sourit, il faut surtout pas qu’on les voit s’amuser cela nuirait à leur musique, à leurs images de lads romantiques aux tendances JoyDivisionsque/Smithienne contemporain. À moins que… La vraie raison de cette pesanteur sur scène ne soit due uniquement au peu de personnes présente dans la salle. On les sens un peu déstabilisé de jouer devant si peu de personnes. Comme s’ils avaient succombé aux sirènes de la micro-hype areyouloaded/newcomer sans se douter que ces choses ne sont connues que dans Paris intra-muros par une poignée de branchouilla pitoyables. J’attends avec impatience le jour où ils iront s’aventurer dans des villes aussi peu au courant d’une quelconque hype qu’Orléans.
Bref, au final une impression : un groupe incapable sauf dans UN domaine (il est vrai assez spécifique), faire pire que Nelson et sur leur propre terrain en plus. D’ailleurs on comprend mieux l’enthousiasme de Jean-Vic Chapus à propos de Nelson en voyant Eldia.
Chaque instant passé sur scène est une mise à mort, et le public ne s’y trompe pas. Certains quittent la salle par pudeur. D’autres, plus nombreux, en bon voyeur, applaudissent du bout des doigts, les regardant s’enfoncer de plus en plus entre les interventions aberrantes du chanteur et l’inconsistance des chansons. Certes le son était mauvais. Mais parfois la bouillie est préférable à l’audible. C’est ainsi que l’on a pu tenir jusqu’à l’avant-dernière chanson, le kebab étant plus tentant que le suicide artistique non assumé. Les Naast devraient faire appel à eux pour animer leurs premières parties tant ils paraîtraient libératoires à côté d’Eldia.
Une fois cette débâcle finie (et une autre pause clope pour tous), Emotion Akin To Terror arrivent sur scène bien soutenus par le public qui de toutes évidences est venu pour eux. Le son sera particulièrement mauvais : naviguant entre une basse sonnant comme un couvercle métallique, des larsens s’échappant de la deuxième guitare en permanence, avec peu de voix et de puissance paradoxalement.
Autant le dire tout de suite, E.A.T est un groupe qui me fascine totalement. Quand tous les autres groupes parisiens confondent influence et racine et se précipitent tête la première vers une reconstitution historique, E.A.T. récupère ce qu’ils ont pu écouter avant les Strokes, le malaxe et reformule le rock des nineties. Oui, ces trucs ignobles, le grunge, le pré-nu metal, le début de l’emo, tout ça se retrouve chez eux, mais surtout se transforme avec un aspect valeureux et éblouissant en quelque chose d’une honnêteté sans pareil. E.A.T. a tout pour être populaire au meilleur sens du terme. Leur musique ne demande pas, pour être compris et ressentie, beaucoup de référence. C’est la musique adolescence dans toute sa splendeur, c’est-à-dire une sorte d’énergie brut un peu imbécile dont toute la valeur est tirée du défouloir qu’elle procure. Un peu comme musicalement ont pu l’être Nirvana, Rage Against The Machine, At The Drive In, qui semble être trois repères pour appréhender stylistiquement E.A.T. (et bien qu’ils ne faillent pas ne les réduire qu’à ça). Le plus étonnant c’est surtout que E.A.T. est à présent un des groupe des plus modernes et des plus originaux d’une certaine scène française. Mais ce qui me fascine le plus chez E.A.T. c’est avant tout l’aspect high energy à la MC5 remis à neuf qu’ils ont sur scène. Une high energy absurde, certes mais high energy quand même.
Un riff comme celui de « Stop The Cocain » est à la fois sans finesse et totalement réjouissant, provoque une impression similaire aux meilleurs morceaux du MC5 comme « Kick Out The Jam », « Come Together », « I Want You Right Now », c’est-à-dire quelque chose comme une sensation de puissance commune, de pouvoir et de libération. Quelque chose dont on ressort épuisé, vidé mais heureux. E.A.T. est une incarnation du teenage band parfait, parlant à tous avec une grande efficacité (d’ailleurs je pense qu’ils sont appelés a avoir une grande popularité pour ça).
Ce qui les sort du lot c’est le fait que E.A.T. parvient à écrire des chansons à plusieurs niveaux de lecture (consciemment ? inconsciemment ?), ce qui les fait aller plus loin qu’un simple mélange anecdotique de rock 90’s gros son/testostérone adolescente. Sur « Stop The Cocain » et une autre (celle enregistré avec le mec de Neimo je crois), les riffs semblent sortir d’une version minimaliste des années 70. Dans une autre chanson on croise une rythmique à la New Order période Movement se glissant avant un refrain Nirvana très affirmé. Ce qui assure à E.A.T. une grande originalité par rapport aux clichés des teenage bands de lycée.
Le rapport étroit de E.A.T. avec les années 90 se fait plus en superficialité, dans une première approche de leur musique certes mais aussi et surtout sur scène: la basse fait (en temps normal, pas vraiment durant ce concert) « blong-blong », le chant se scande, les pantalons lorgnent légèrement vers le baggy, et le chanteur guitariste exhibe une Ibanez 7-cordes (ce qui prouve que ces instruments de torture esthétique ont réellement des adeptes).
Dans la salle la grande majorité semble apprécier le déferlement d’énergie brute, certains semblant même être des fans hardcore. Sur scène je l’ai déjà décrit, un aspect assez absurde est mis en avant comme une sorte de marque distinctive du groupe. Mais surtout pas de poses prétentieuses, quelque chose de très sain en eux, aucun calcul, une accessibilité , toutes leurs attitudes respirent une honnêteté sans faille, une réelle gentillesse. Quelque part ils ressemblent à un groupe de bons potes, et c’est ce qui fait toute la sympathie que l’on peut éprouver pour eux, semblant vierges de toutes attitudes et poses grandiloquente, en se donnant uniquement par la musique et par l’instant de cette musique. Les rumeurs font état d’un rapprochement d’Are You Loaded et d’E.A.T.  ce qui ne serait que bénéfique puisque Are You Loaded  gagnerait en qualité (citez- moi un seul groupe correct d’AYL) là où E.A.T. gagnerait en visibilité. Et pourraient égayer un peu les soirées je-tire-la-gueule-parce-que-je-suis-un-ex-fan-des-smith-qui-essaye-de-draguer-avec-une-biere-en-main. Une dernière chose qui me fait au minimum grandement estimer E.A.T., c’est (et ça peut paraître bizarre) les solos : tous tombent aux bons moments, trouvent en quelque sorte leurs places naturellement, dans une sorte de soucis d’économie du superflu, n’étant là que par nécessité alors que E.A.T. pourraient facilement faire de l’étalage de virtuosité gratuite.
Avec la fin du concert de E.A.T., l’essentiel du public disparaît ne laissant dans la salle une petite trentaine de personnes pour le concert de Sheraff. Comme après chaque groupe, tout le monde sort de la salle, et il faudra bien quelques minutes pour que Sheraff réussisse à récupérer cette trentaine de personnes. Tout le monde semblent être venu pour E.A.T. et l’on se sent désole pour Sheraff de devoir jouer devant si peu. Mais ils ne semblent pas vraiment s’en soucier, en rigolant même.
Autant le confesser je n’étais pas vraiment chaud pour voir Sheraff, n’y voyant qu’un groupe simili mods au son un poil durci mais pas grand-chose d’autre. Bon je me suis trompé parce qu’ils sont bien mieux que ça.
Sheraff a un côté fortement sympathique de beautiful looser attachant me rappelant fortement les Brakes (mais si les Brakes, le side-project de Electric Soft Parade et de British Sea Power, le super groupe indie de Brighton) notamment dans l’esthétique : Tout ça parce que sur les photos de promo de leur 45 tour, ils posent dans une forêt, habillé dans ce qui semblent être la déclinaison presque fashion de l’uniforme d’un garde forestier. Quelque chose de vaguement mods dans le veston du bassiste, dans la veste du chanteur guitariste et dans le costume cravate du batteur.
La musique quant à elle est plus agressive, un côté très garage Detroit grande période (ce qui veut dire high energy encore et toujours, c’est ma fascination pour le rock’n’roll prolétarien qui veut ça), marqué (à chaque groupe son innovation) par une batterie dansante, très bien en place et aux tendances discoïdes fortes. Voilà donc un groupe s’habillant en mods, qui fait du gros rock qui tache qui fait danser. Et même si, dans la salle, personne ne danse (à part un mec qui semble être sous champi), toutes les têtes dolines, et tous les pieds bougent en rythme.
Mais ce que Sheraff réussi le mieux c’est avant tout dans la réutilisation de vieilles ficelles, de vieux clichés, qui, repris avec un premier degré désarmant et une très grande fraîcheur, reprennent toutes leurs saveurs. C’est là qu’est la grandeur de Sheraff. Encore une fois on n’est pas dans la pose façon « je suis rock’n’roll pour téléfilm de M6 », mais dans une sorte de vérité où rien n’est édulcoré, tout se joue à fond, quitte à en être ridicule. Y compris en traversant la scène en tapant du pied telle une réincarnation de Fred « Sonic » Smith en lapin. Ou s’asseoir sur le bord de la scène pour headbanger au son de son propre riff ravageur.
Cependant s’il y a bien un groupe auquel Sheraff me fait penser c’est aux Swell Maps (déjà, parce que comme les Swell Maps, ils n’auront certainement jamais aucuns succès). Mais aussi parce que comme eux, la musique se donne à fond, entièrement et tout de suite. Comme eux, l’extraordinaire force juvénile et réjouissante de leurs morceaux est tirée d’une façon de jouer comme si leur vie en dépendait, se donnant totalement, comme un ado de 15 ans qui pousse à fond son ampli en jouant le plus vite possible.
Mais ils ont en outre une élégance naturelle qui leur évite de faire du Ramones ou d’être des vrais ados de 15 ans (ce n’est pas les Second Sex quoi). Ils sont aussi classe que Nikki Sudden, ont une présence similaire. En quelque sorte ils incarnent le même paradoxe que les Swell Maps, à la fois similarité aux autres groupes ramonesque, et différence en profondeur par une candeur musicale incroyable et attachante. Ce qui fait qu’en réalité, ils sont plus proches de E.A.T. que de Eldia et des autres groupes gibusano-loaded, une présence hors des modes et du branchouille. (Bon, ce qui me permet de les rapprocher aussi c’est qu’ils partagent un aspect high energy dans l’attitude et dans les morceaux.)
La connexion high energy est d’autant plus forte que le son contrairement aux autres groupes est extrêmement élevé (admirez l’habile transition), à la limite de l’assourdissant ce qui paraît un peu ridicule dans une salle où il y a 30 personnes.  Sheraff défend cependant ses morceaux avec un réel enthousiasme sans vraiment se soucier de la salle aux 9/10ieme vides. L’impression prédominante au concert est plus celle d’une répétition que d’un concert justement, bien qu’il n’y ait pas de plantages (si mon souvenir est bon); en tout cas un aspect informel, un partage de leur musique en dehors d’un rapport de domination artiste-spectateur. Le groupe est donc plutôt détendu, se laisse aller à un léger n’importe quoi comme je l’ai noté plus haut. Sheraff a une générosité et un enthousiaste communicatifs qui laisse admirateur.
De toute façon on ne peut pas dire de mal d’un groupe qui tire son nom du Grand Détournement.

Novö Y

21 juillet 2006

Sonic Youth, "Rather Ripped"

Il y a un moment dans la vie de tout bloggeur où l’on se sent bloqué, où l’on arrive plus à écrire. Et ce moment est arrivé il y a environ deux mois. Pensant d’abord me servir du concert du Brian Jonestown Massacre à Tours pour me relancer, j’ai dû, une fois le concert terminé me résigner au fait que je n’avais absolument rien à écrire dessus tant le concert était déconcertant. Puis plus tard je ré essayait avec le concert de Gülcher à La Flèche D’Or, et là ce n’était pas que j’avais rien à écrire dessus, au contraire mais bien plutôt le fait que des concerts proposés ce soir-là, je n’avais suivi que celui-là et que je n’allais pas faire un compte-rendu d’une soirée en me basant sur un seul concert, parce que ça aurait fait quand même un peu court. Et puis comme j’avais passé beaucoup de temps à parler à Vernis Rouge, à Deadyuppie et à Emi; je n’ose pas imaginer l’état du compte rendu: du genre ma vie privée racontée avec un style à faire fuir les pires skybloggeurs.

En désespoir de cause, j’avais décidé (après une dernière tentative en téléchargeant le dernier Peaches, où là encore je n’avais quasiment rien à dire dessus à part « bah c’est Peaches, y’a des gros beat –pas de jeux de mots, merci-, des chœurs un peu vulgaires et c’est dansant » -bon à ma décharge, c’est vrai que malgré le fait que maintenant il y ai un producteur, c’est quand même vachement similaire au deuxième album-), en désespoir de cause donc, j’avais décidé de faire remonter des limbes de mon iTunes le dernier Sonic Youth en pensant naïvement avoir toujours un truc à écrire dessus. Je me suis donc réimposé l’écoute de « Rather Ripped » et rien à faire, le vide, à la fois au niveau de mon écriture que de l’album. La désagréable impression d’écouter une version FM, gentille et limite lounge de Sonic Youth (à la limite même Nelson c’est mieux), une sorte de version pour bar quasi-branchouille de province de ce qui est à présent considéré comme « leur » style.
Et de constater ça m’a fait très mal, parce que Sister est le premier album que j’ai écouté dans ma vie, j’en connais les paroles et les sonorités par cœur, ce qui pose dans ma mythologie personnelle Sonic Youth tout en haut, surplombant tout ce que j’ai pu découvrir par la suite et même des trucs bien mieux que Sonic Youth. Et là me voilà officiellement obligé d’avouer qu’ils sont devenu des mystificateurs, des humains normaux vieillissants, pondant des trucs ignobles et chiants. Bien sûr cela de date pas de cet album : depuis « Murray Street » Sonic Youth tourne en rond, rabachant en version assez cheap « 1000 Leaves » (qui lui était merveilleux) : passages instrumentaux de moins en moins inspiré, chant de plus en plus plan-plan (Thurton Moore semble de plus en plus s’enregistrer en train de chanter des berceuses à sa fille), structure des morceaux prévisibles à des kilometres (doux avec chant- break- passage « accélération du tempo »/roue libre/solo de Lee Ronaldo-reprise de la douceur et fin ; la seule chose qui change c’est la durée du passage du milieu ainsi que le degré de roue libre –enfin pour ça rien de grave, ça fait longtemps que Sonic Youth n’écris plus des « Kill Your Idols » ou des « Silver Rockets »-). Et donc après Sonic Nurse qui bien que totalement inutile sauvait encore un peu la face grâce à la voix totalement fausse de Kim Gordon, le revoilà en version chansons moins longues. Puis surtout le pire, Kim Gordon qui réapprend à chanter ne gardant à peine un souffle un peu court de  ce qu'elle avait expérimenté vocalement depuis « Bull In The Heather ». Le problème que je vis avec Sonic Youth est que je les vois réalisant une répétition assez pathétique, une sorte de fin de course, exactement comme si tout ce qu’ils avaient à dire ou à expérimenter avais été fait, les laissant dans une seule possibilité, celle du réajustement de petits détails, ce qu’ils font à présent bien volontiers il me semble.
Dans un premier temps, j’ai eu beaucoup de mal à cerner le problème que j’avais avec cet album : pourquoi j'éprouvait autant d' ennui alors que la roue libre et le manque d’inspiration qu’il affiche lui fait faire du Sonic Youth « normal », du Sonic Youth « mature » qui ne s’amuse plus à renverser du coca sur les bandes ou ni à faire du larsen durant une demi-heure. Même une répétition de "Murray Street" devrait être agréable. Ce que « Rather Ripped » n’est même pas. Comme sur "Murray Street", on trouve des digressions instrumentales qui tombent franchement dans l’ornementation inutiles, deux trois morceaux plus rapide pour un ensemble de ballades à la « Teenage Riot » totalement chiante. Mon problème avec Sonic Youth se présente ainsi : pourquoi alors que même une simple répétition devrait être bien (mais pas terriblement intéressante), cet album est une véritable plaie à écouter ? Certes on retrouve avec plaisir le battement frénétique et sourd de Steve Shelley avec un son proche de celui de "Sister", c’est-à-dire avec cette frappe proche de l’infra basse, mais c’est bien la seule chose que l’on retrouve avec plaisir. Comme je l’ai déjà dis, Kim Gordon se retrouve à chanter avec une normalité quasi effrayante, n’apportant plus rien aux chansons. Lee et Thurton quant à eux rechantent exactement comme sur les albums post-« Thousand Leaves », avec un débit lent et une volonté presque perceptible de ne vouloir faire que des ballades du type « sur le fil du rasoir », ces mêmes choses qui ont perdu l ‘indé américain des années 90 parce que totalement ennuyeuse, hors de propos et franchement anodine (brancher une guitare, faites trois accord qui se suivent très lentement et faites tourner durant 6 minutes et votre ballade est née).
Alors est-ce pour ça que l’album n’est pas écoutable sans un endormissement profond ? Pas uniquement en fait, il me semble. Parce qu’il n’est pas seulement ennuyeux, parce qu' il semble crier à chaque seconde (bon hormis celle de « Reena », chanson de remplissage pour Daydream Nation qui ici deviens de loin le meilleur de l’album) : « Sonic Youth est fini !!!! ». Ce genre de défaut  ne coule pas un groupe d’habitude, ne signifie pas que le groupe s’enfonce dans sa propre parodie,  partant sans s’en rendre compte dans la musique par habitude, dans des chansons ne signifiant rien sinon que Sonic Youth est définitivement devenu un dinosaure qui ferait mieux de splitter plutôt que de compiler les fonds de tiroirs de leur studio dans l’espoir que cela puisse former un album cohérent. Le problème ici, d’ailleurs, n’est pas tant la cohérence à l’intérieur de l’album, ça elle y est, rien ne vient troubler la marche du puissant pilote automatique. Pourquoi au final cet album je ne peux que le haïr ?

Bon comme premier élément de réponse vient de mon statut de fan quasi-ultime de Sonic Youth, qui ne peux accepter sa déception face à son Grand Mythe. Certes. Mais pas seulement.
En réfléchissant à ce post, il m’est apparu que l’expérimental pouvait se définir avant tout comme une mise à distance. C’est-à-dire que la musique créée me semble la résultante d’une sorte de mise à plat, de distanciation avec ce qui est le départ de la création, d’une sorte de confrontation entre différents éléments, un peu comme une série de choses mises en correspondance, rapproché suivant différentes logiques. Or la musique de Sonic Youth s’est toujours construite à partir d’une puissante dichotomie qui est a l’origine de leur musique, provenant a la fois du monde de l’Art et du rock’n’roll. Contrairement au reste de la No-Wave (la frange terroriste sonore de la No-Wave pas la frange Soul/Jazz –non pas le label- mal joué) le rapport qu’entretiens Sonic Youth avec le R’n’R est ambigu : bien que proche des Glenn Branca, Lydia Lunch, Michael Gira et autres JG Thirlwell, Sonic Youth n’en reste pas moins des fans absolus de rock, permettant un premier retour de Richard Hell au travers du projet Dim Star, reprenant « Bubblegum » de Kim Fowley sur "EVOL", faisant référence à Creedence avec l’album "Bad Moon Rising", ce qui leur donnent une vision plus grande et plus complexe que la No-Wave et de la post No-Wave/indus; du fait de ce tiraillement entre l’art contemporain et le rock’n’roll le plus traditionaliste et le plus commun. Au final, il me semble que ce soit ça qui leur ai permis une si longue actualité, une aussi longue prise sur l’époque, du fait de ce rapprochement particulièrement difficile à articuler et à mettre en forme qu’est la correspondance entre une forme de culture populaire (avec tous ses codes) et l’art contemporain. C'est ainisi que le développement de Sonic Youth ne pouvait se faire uniquement via une construction de l’ensemble de sa musique comme une recherche, l’aboutissement étant une mise en forme parfaite, une articulation parfaite des deux champs qu’ils cherchaient à confondre. On pourrait faire une analogie entre la carrière de Sonic Youth et le développement d’une pensée : à cette image, les albums de Sonic Youth se redéfinissent, sont contradictoires entre eux, aboutissent certaines choses, en abandonnent d’autres, mettent en correspondance certains sons, construisent en définitive à partir de la négation pur (la dureté de « Confusion Is Sex »), tentant de cerner de mieux en mieux ce qui pourrait être le rapprochement ultime du rock et de l’art. C’est ainsi qu’au fil des albums apparaissent après la phase hyper bruitiste, une construction de plus en plus élaborée des morceaux (à ce titre "EVOL" est véritablement fascinant puisqu’il introduit quasiment en direct les structures de chanson « classique » dans le bruit de "Bad Moon Rising" –lui aussi sublime d’ailleurs-,  par exemple avec des chansons comme « Tom Violence » ou « Expressway For Your Skull »). L’étape suivante sera de structurer les improvisations sur une sorte de ligne Motorik, sortes d’échappés tourbillonnantes de guitares de plus en plus oppressantes ; Puis, à partir de « Daydream Nation », ces structures s’intégreront de mieux en mieux, jusqu’à devenir des ponts et plus seulement des répétitions de plus en plus rapides de certaines lignes raides de guitare. Et ainsi, en dehors de quelques apartés, de quelque retour en arrière (comme les plages bruitistes sur « Goo » ou les chansons totalement R’n’R de « Dirty »), chaque élément de l’univers Sonic Youth évoluera, pour atteindre son apogée sur "1000 Leaves", où tout trouve une certaine place, un certain aboutissement.
Suivra ensuite un album fascinant (ou mortellement chiant c’est selon –mais quand même plus fascinant que chiant-), "NYC Ghost & Flowers" , qui est une sorte de retour  au terroriste sonore primitif de Sonic Youth par les instrumentistes raffinés de "1000 Leaves".
"NYC Ghost & Flowers" est le dernier album de Sonic Youth utile. Il est avant tout une mise à distance, une mise en correspondance entre leur début et l’apogée de leur recherche, une sorte de regard rétrospectif. Ainsi il fait figure d’exception dans la discographie de Sonic Youth, servant de mise en perspective entre ce qu’était Sonic Youth et ce qu’il est devenu. Par la suite les albums de Sonic Youth (soit "Murray Street", "Sonic Nurse" et le dernier –on ne compte pas la BO de Demonlovers ni les trucs sur leur propre label-) ne sont que des sortes de remise à niveau, apportant plus rien de véritablement neuf, montrant simplement de petits développements à chaque albums pas forcément très utile (l’ornementation instrumentale pour "Murray Street", les bonnes vieilles jams de groupes de rock pour "Sonic Nurse", et pour "Rather Ripped" simplement un effacement de tout ce qui pourrait hérisser l’oreille comme un larsen ou un accord sonnant faux). Ce qui est commun à ces 3 albums, c'est l'abandon de toutes recherches y compris formelle. Pour reprendre mon analogie avec la pensée, on se trouve au moment au Sonic Youth à fini de définir sa pensée, ne pouvant plus rien lui apporter en raison de cette forme définitive. Sonic Youth ne peut donc qu’appliquer ce résultat final à différentes situations sans gravité, un peu comme des exercices de style.
Malheureusement si la construction d’une pensée est fascinante, le résultat est souvent beaucoup moins intéressant (en considérant la démonstration comme une construction même si elle est a posteriori). C’est ainsi qu’à présent la musique de Sonic Youth  -à moins d’une remise à plat total, c’est-à-dire d’une nouvelle négation, d’un nouveau départ-  est condamnée à répéter les structures des chansons de "1000 Leaves", ne pouvant qu'espérer apporter que des légères modifications dues aux différents exercices de style auquel ils soumettent ses structures.

Il y a une autre explication possible et pas forcément contradictoire de l’épuisement de Sonic Youth. Partant d’une mise en correspondance de deux milieux alors plutôt éloigné (art et rock), Sonic Youth aura œuvré pour le rapprochement des deux jusqu'à ce qu’ils se touchent, voir qu’ils s’englobent l’un dans l’autre. Et ce rapprochement, s’il n’est pas tout à fait réalisé (heureusement il reste le métal qui est encore totalement en dehors d’une quelconque culture légitime –j’ai dit le métal, pas le noise-doom-drone à guitare distordus avec pèlerines pointues, alors merci gardez vos contre arguments avec SunnO))) et Wolf Eyes dedans pour vous, merci), existe tout de même.
Quand Sonic Youth commence, la quasi-totalité des foyers underground musicaux œuvrent contre le rock’n’roll et sa culture : en Allemagne, continuant sur la lancée du Krautrock, l’indus berlinois expérimente le bruit pur (Einstürzende Neubauten, Malaria, etc.) ; en Angleterre le post-punk (Delta 5, Gang Of Four, Slits, etc.) remet en cause le discours social de la culture rock accusé de racisme implicite et de sexisme explicite, pendant que l’indus (plus synthétique que l’Allemand) tente de traduire artistiquement les théories du contrôle dont le rock et la culture pop ne peut que faire partie tout en jouant sur la volonté de faire une musique « pour esclaves industriels » en opposition au blues, musique d ‘esclave agricole (Cabaret Voltaire, Throbbing Gristle, etc.) ; à New York, la No-Wave en expérimentant le bruit tente à grands coups de minimalisme d’en finir avec le rock, suivant l’idée que seul une apocalypse sonique pourra en triompher, discours qui dura longtemps puisqu’il est également celui qui préside à l'idée de base des Swans et de Fœtus (avant que les Swans ne se mettent à la country gothico-hanté poussiéreuse et chiante donc jusqu’à à peu près le milieu des années 80). On pourrait continuer comme ça avec à peu près toutes les grandes scènes se développant durant les années 80 (la synthpop, l’indie-pop, l’indus en règle général, la techno de Detroit, etc.).
Face à ça, l’univers de Sonic Youth se compose de façon un peu plus original d’une fascination pour le rock’n’roll et sa culture (y compris Charles Manson et autres hippies déréglés) mais également pour une pose plus artistique, une sorte de fascination pour la performance ainsi que pour un certain discours formel. C’est ainsi qu’en quelque sorte Sonic Youth ne voit pas dans le rock une culture populaire mais un terrain d’expérimentation, via une performance sonore, de l’art contemporain. C’est certainement ainsi qu’il faut voir la passion de Thurton Moore pour le hardcore naissant, comme une expérimentation inédite de violence et de minimalisme allant bien plus loin que le punk lui-même puisque se rapprochant du bruit (en concert en tout cas) et d’une véritable absence d’apprentissage de l’instrument utilisé (ou torturé c’est selon… Enfin je ne suis pas un grand fan de technique donc on va dire « utilisé »).
De manière générale, Sonic Youth adopte une sorte de préférence pour les musiques construites à partir d’une posture d’autodidacte, là encore par intérêt formel (« Comment, sans éducation musicale, un instrumentiste va/peut jouer », c’est un peu cette question qui fascine Sonic Youth –et pas qu’eux d’ailleurs, c’est un questionnement, qui en rejoignant celui de l‘improvisation est au centre des démarches, entre autres, de Genesis P-Orridge et de Blixa Bargeld-). C’est ainsi que toute la démarche de Sonic Youth se trouve être une démarche artistique consciente et pleinement revendiqué : il faut les voir en quelque sorte comme des artistes dont le champ d’expérimentation serait le rock.
Mais c’est ainsi que le rock ne peut plus être vécu comme une culture populaire (c’est-à-dire comme une signification a la fois issue et témoignant du social) mais que comme un champ artistique à investir pour la culture légitime via l’art contemporain. Et c’est dans cette démarche que les limites de leur musique se montrent. Lorsqu’ils commencent, l’art suit une ligne proche du rock : des points de rencontres existe déjà, notamment dans le psychédélisme. Mais le rock reste une sorte d’accompagnateur de l’art et n’est pas totalement investi par une posture artistique (celle qui conduira à la posture de l’intellectuel complexé de grands nombres de groupes des années 90 avec leurs prétentions terriblement sérieuse). Certes Sonic Youth a résisté longtemps à cette dérive de leur posture originel en n’affichant qu’une seule volonté : « nous sommes un groupe de rock ! » comme le rappelait Thurton Moore à la sortie de « Experimental… ». Et c'est certainement encore le discours actuel de Sonic Youth.
Mais la différence c’est que si à l’origine le discours de Sonic Youth (celui de faire du rock un champ de l’art comme les autres) avait une certaine fraîcheur , cela ne peut qu’avoir disparu à présent. Le rock est effectivement devenu un champ de l’art, peut être tout à fait considéré comme de l’art contemporain, grâce aux créations sonores de beaucoup d’enfants de Sonic Youth, devenu à leur tour expérimentateur de la matière rock. Et le problème n’est pas tant que le rock devienne de l’art que le fait qu’il devienne de la culture légitime:en se structurant comme elle, il s’abstrait du terreau social pour ne devenir qu’une expérience formelle de plus; en gros il ne signifie rien de plus qu’une abstraction sans intérêt qui sera jugé selon les règles de l’art, corrompant entièrement son essence de culture populaire, détruisant petit à petit sa signification pour devenir quelque chose que l’on exhibe et que l’on accumule.

Or il se trouve que cette chose-là, nous sommes en train de la vivre (pour ça je vous renvoie à mes autres post, parce que si vous ne l’aviez pas remarqué, en fait je ne parle pas d'autre chose). C’est ainsi que la position de Sonic Youth, la position de l’artiste investissant l’art populaire, est passée en 25 ans environ, de révolutionnaire  à profondément réactionnaire, menacé par l’élitisme. En devenant de l’art, le rock a perdu en quelque sorte. Puisque tout ce qu’il a gagné, c’est la structure de l’art, c’est de se structurer quasi ontologiquement avec ses amateurs, ses critiques, ses artistes reconnus, et la masse méprisée parce que ne pouvant goûter la beauté formelle ainsi délivrée. Il est urgent que le populaire, que le social réinvestisse le domaine du rock pour que celui-ci puisse encore dire quelque chose et pour que son existence ne s’en tienne pas uniquement à un simple plaisir formel. Puisque les artistes ont échoué en définitive , il faut peut-être penser à une autre forme de discours, peut-être penchant moins vers le formel et plus vers une conscientisation de l’acte de créer dans la culture populaire.

Et à la limite ,à la place de Thurton Moore, aduler Ian Svenonius et sa grande culture politique, puisque au final c’est de cela qu’il s’agit.

Növö Y

23 juin 2006

Bleu/Orange.

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3 juin 2006

Le bonbon de l'Est.

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3 juin 2006

Nature morte biélorusse

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27 mai 2006

Primal Scream, Riot City Blues

Il y a une vérité rarement dite au sujet de Primal Scream : c’est un groupe qui n’a aucune personnalité. Tout au plus une voix de canard sous speed pour seule direction. Agissant comme une éponge avec l’air du temps, la machine Primal Scream se met en marche tous les 2, 3 ans pour aspirer le diffus musical pour le recracher ensuite en concentré le long d’albums bien souvent contradictoires, fait de bric et de broc, incapable de mettre dans l’ensemble quelque chose d’autre que la production. Prenez Vanishing Point, XTRNMTR et Evil Heat pour citer que les trois derniers, et vous aurez du rock, de la drum & bass, du hip-hop, de l’electro, de la pop, simplement relié par une production soit « ligne claire electro », soit « chaos basse/sample », soit « kraut-retro-futurisme ». En remontant le temps, Screamadelica indique aussi ces choses, en se ramenant à l’équation psyché+ambient passé à la moulinette « house artisanale ». Et à première vue, « Riot City Blues » échappe à la règle. Pas très longtemps d’ailleurs : dès la deuxième écoute, on remarque que les compos présentent beaucoup de différence qu’en a leur écriture. Mais enregistré comme du garage, il se débrouille pour nous faire croire que l’homogénéité du son est également l’homogénéité des compos. Mais très vite a l’instar de l’album garage de Spiritualized (« Amazing Grace ») qui lui aussi était que très peu homogène, apparaisent des compos qui semble avoir eté recyclé de l’electro vers le rock, des plages longues et répétitives qui tiennes plus de Evil Heat que des Standells, un curieux psychédélisme apparaît aussi parfois, lorgnant sur Screamadelica. Dès le deuxième morceau, après un solo de guitare arrive une chorale gospel soul pour soutenir la voix de Bobby balançant le morceau dans la fournaise de l’immondissiment jouissif funk-rock « Give Out But Don’t Give Up ». Puis parlons de la composition des morceaux de Primal Scream : lourd, tir nourri de guitare, de samples, de basse, de clavier, suintant a des kilomètres l’efficacité de par l’extraordinaire force putassière des refrains crachés comme il se doit, parfois un gros solo histoire de bien montrer la force du Rock’n’Roll… Tout devrait aller en moi vers une haine farouche mais il n’en a rien. Primal Scream n’a pas de personnalité c’est certain. Mais ils le font bien. Chaque album est un instantané d’une très courte époque de la pop Anglaise et de son évolution depuis le C-86. Pris entre noisy-pop, revival psyche, house naissance, influence gospel diffuse, explosion hip-hop et electro, Primal Scream a ainsi développé un répertoire totalement décousu, ramassant au passage un ex-Stone Roses et le My Bloody Valentine en chef, le tout pour un groupe fondé par un ex-Jesus and Mary Chain (Oasis et leur bassiste ex-Ride sont risibles a coté). Mais chacune des choses de leurs répertoire témoignent et mêlent incroyablement tout le spectre musical du moment de la conception de l’album. Et ainsi après 5 ans de revival rock qui a fini par s’orienter vers un retour garage, Primal Scream lance un album de retour à la base, revisitant country, rock’n’roll, blues et garage. Mais en teintant le tout de soul-gospel, Primal Scream isole enfin ce qui fait sa réelle base. Tout comme Spiritualized avec « Amazing Grace » l’option retour aux racines s’accompagne d’une volonté d’abandonner toute production trop clinquante, raclant à l’os, dévoilant ce qui fait leurs véritables backgrounds. On imagine très bien les gens de Primal Scream comme fins connaisseur, comme des maniaques de la musique vivant dans des hangars de vinyles, gardant précieusement toutes la production musicale de la culture populaire quel qu’elle soit. Mais derrière tout ça se développe le véritable point d’ancrage de leur amour de la musique, le rock des années 70, cette chose forte, métissé, se tournant dès qu’elle peut vers le gospel et le blues, essayant d’aller vers l’explosion de joie et des sens, vers la danse imbécile, le jubilatoire, le débordement. Si Spiritualized est devenu le gardien de la volonté spirituelle du Gospel, Primal Scream s’occupe de l’immanence, se tourne vers la contestation prolétarienne de la culture populaire, à la fois revendication et glorification du travailleur, des voies qu’il peut développer contre l’aliénation (on va prêter bientôt des intentions marxistes à mon analyse…) et ces voies sont la libération jubilatoire des sens ainsi que la revendication bordélique à l’image des émeutes de Watts ou de Brixton, à la fois explosion de joie et de colère, fierté et revendication de la façon la plus violente qu’il soit mais aussi de la façon la moins organisé. Chaque disque de Primal Scream est une célébration de l’instant de la culture populaire, de son anhistorisme fier, rendant à l’art une vocation immédiate, la fierté contre l’aliénation, le débordement des sens sur la vie, en fin de compte une véritable victoire de la vie sur l’oppression. Dans la musique de Primal Scream il y à ces deux aspect de l’utilisation de l’art (a défaut de meilleurs mots) par la culture populaire, en se voulant instrument de contestation et instrument de libération immédiate. C’est-à-dire que comme le montre le clip de « Country Girl », Primal Scream évolue dans un univers oû la libération des sens est véritablement une contestation. D’oû leur intérêt pour la musique noire qui a toujours tendu vers cela et pour le psychédélisme américain, dont la construction s’effectue également sur cette équation. La culture populaire musicale se construit sur cette « double valeur », et c’est cela que traque Primal Scream. Et pour cela nulle nécessité de constance dans la composition ou dans la production, pas d’intérêt pour un répertoire développant la même idée musicale, au contraire : la permanence est l’ennemi de la culture populaire puisque enfermant dans un carcan formel et social cette explosion de liberté. A chaque fois qu’elle se retrouve enferme dans un mouvement, elle dépérit et donc fait apparaître d’autres voies plus propices à cet aspect défouloir. D’oû son anhistoricisme, puisqu’il s’agit d’un immédiat qui ne peut s’embarrasser d’une pensée, d’une reconstitution, une filiation en son intérieur. L’histoire qu’on peut en faire se doit à ce moment-là de se débarrasser de volonté esthétique et ne doit s’attacher qu’aux changements et retour qu’opère cette culture. Ainsi elle ne vit que pour le changement, pour le sien et celui de la société, elle ne se constitue que dans l’instant et refuse de se créer autre part, dans une filiation claire. C’est-à-dire qu’elle refuse la référence en s’encrant dans la codification perpétuelle puisqu’une fois codifiée elle disparaît. Elle est en quelque sorte en guerre perpétuelle pour son existence, adoptant certaines formes que pour s’en débarrasser une fois que ces formes sont adoptées et accepées par tous. Elle est au final l’expression artistique et culturelle de la lutte des classes (attention marxisme ! attention marxisme !) tentant d’échapper perpétuellement à sa constitution en culture légitime. La seule constance de Primal Scream est ainsi (en dehors de la voie de Bobby) ce parti pris pour la culture populaire luttant contre l’académisme de la culture légitime. Académisme mouvant, absorbant la culture populaire dès sa codification, l’obligeant ainsi à muter à trouver d’autres voies de développement, perpétuellement. Pourtant Primal Scream en revient toujours à une époque malgré le vernis des différentes productions de la culture populaire. Ils en reviennent toujours au métissage du psychédélisme élargi à divers éléments des années 70 : « Easy Rider », les émeutes de Watts, les Black Panther et les White Panther, les White trash, les bikers et les premiers hippies forment pour eux un ensemble cohérent de référence dans lequel ils piochent chaque élément de leurs univers, reformulant ce background aux codes émergeant de chaque nouveau moment de culture populaire. Le Gospel se marie sans difficulté à la house (« Screamadelica »), la Motor City au neo-Krautrock-electro (« Evil Heat »), le boogie au Baggy sound (« Give Out but Don’t Give Up »), le psychédélisme au dub (« Echo Dek ») reformulant la culture populaire anglaise de la dance aux lumières des Etats-unis de la contre-culture. Ainsi ils multiplient les correspondances entre deux époques (les années 90 en Angleterre et les années 70), révélant ce que la culture populaire ne veut pas trop voir : son émergence et sa construction apparaît clairement dans la situation paroxysmique de l’Amérique des années 70, remettant en cause les croyances traditionnelles de l’Amérique, remettant en cause le puritanisme, la blancheur de peau et le capitalisme par le moyen de la culture c’est-à-dire de l’expression artistique adoptés par une part de la population comme représentation de soi. Ce moment n’est pas l’invention de la culture populaire mais sa médiatisation, c’est-à-dire son existence en tant que chose non séparés de la représentation que la nation se fait d’elle-même. Cette culture existe bien en la nation, elle ne peut plus être contenu dans un vague mépris et désintérêt des classes pauvres par les classes disposant de la culture légitime. Elle ne peut rester à l’ouvrier dans un oubli complet comme accordée tacitement par les plus hautes classes. Et en émergeant médiatiquement, elle devient une attaque, une agression envers la culture bourgeoise, elle est mise en concurrence, empêchant de la laisser entre parenthèses, aux mains des classes ouvrières quel qu’elles soient (esclaves, ouvriers agricoles, ouvriers d’usines). Ce fait de la médiatisation est d’ailleurs sûrement la conséquence du mythe de la classe moyenne, d’une égalité entre tout citoyen des Etat-unis, laissant la réalité sociale dans l’ombre de ce mythe économique. La contre-culture fournit le modèle de toutes cultures populaires à venir, et Primal Scream s’en rappelle en mêlant leurs fantasmes de cette l’Amérique à l’actualité de la culture populaire anglaise. C’est ainsi qu’apparais la constance de Primal Scream : c’est dans le fantasme du rock prolétaire de Creedence Clearwater Revival et du MC5 qu’ils appréhendent la musique et la culture populaires. Ainsi Primal Scream se détermine comme célébrant la culture populaire tout en restant en dehors d’elle, déjà en maîtrisant son histoire et en y faisant explicitement référence, et enfin en organisant des confrontations entre les deux univers : de la reprise du 13th Floor Elevator sur « Screamadelica » au titre « 99th Floor » sur le dernier, en passant par « Autobahn 66 » sur Evil Heat, ils font correspondre en permanence ces deux cultures, éclairant l’actuel sans le corrompre avec le précédant. Ainsi, Primal Scream adopte une attitude en dehors de la dualité culture populaire/culture légitime. C’est-à-dire que Primal Scream ne fait pas ou ne fait plus de la culture populaire mais se pose comme éclairant la culture populaire par son savoir. « Riot City Blues » fait à nouveau changer de style à Primal Scream, cette fois en lui faisant adopter les codes pas tout à fait fini du retour rock et des racines. La country est déterrée et mélangée au gospel et au blues, et encore derrière tout ça, se re-entend une pression de leur imaginaire : tout cela est en extrêment forte connexion avec les années 70, du titre à la musique, ici tout glorifie la fierté du prolétaire dans son mouvement à échapper à l’aliénation. Plus de « No civil disobedience », les émeutes reprennent symboliquement accompagné par la fête, par tous les moyens « festif » d’échapper à l’aliénation, c’est-à-dire, l’alcool, la danse, les drogues, le sexe débridé. Ce qui est bizarre est que la culture à laquelle Primal Scream rend hommage ne se constitue que mythologiquement. Le retour du rock n’a pas engendré de mouvement social, de débordements tels que les raves ou la culture hip-hop. Tout au plus quelques affaires de cracks et de Playstation volée. C’est ainsi que Primal Scream renvoient eux aussi à une histoire mythique, cette fois explicitement, la détachant presque de la réalité, ne parlant plus de culture populaire vivace mais de souvenirs. Ceux de jeunes fans du psyché et du r’n’r des années 70, tout se constitue sur leurs souvenirs, avant tout parce que la culture populaire avec laquelle ils traitent avec ce disque n’est qu’un large fantasme a-social. C’est ainsi que, plus que la culture populaire actuelle, ce que révèlent "Riot City Blues" c’est l'imaginaire de Primal Scream, le laissant agir à vide, ne lui demandant pas de relire ce mouvement par rapport a la contestation des années 70. Cet imaginaire se créer à vide et se met à parler pour lui-même. Pour la première fois de son histoire (et tout comme Spiritualized), Primal Scream fait travailler ses mythes seuls, livrant un album bon formellement mais n’ayant pas grand chose à voir avec ce qu’il doit être, c’est-à-dire une relecture en profondeur du retour du rock, n’effectuant que son propre retour aux racines. Si formellement on s’en remet plus aux guitares qu’aux machines, tout comme la génération actuelle, Primal Scream donnent des chansons totalement coincées dans leurs propres sphères plutôt que apportant diverses ouvertures à la culture en question. Un peu comme si le cœur de Primal Scream, trop près du rock ne pouvait comprendre ce qui se trame dans le retour aux racines opérées par Whites Stripes et autres, mélangeant ses fantasmes et ses souvenirs en lieu et place d’une adaptation et d’une assimilation de cette culture. Ainsi ce qui se dresse ici n’est que l’éclairage sur l’univers de Primal Scream, la relecture de la culture de Primal Scream, pas celle de la culture populaire. Növö Y
25 mai 2006

De sexe féminin.

filles
11 mai 2006

TV On The Radio, Return To Cookie Mountain

Il y a quelque temps (1 mois, 1 mois et demi) sous les pressions d’un fan des Libertines de mes amis (du genre à avoir télécharger les 2 Go de nouvelles sessions de Peter Doherty) j’avais téléchargé le premier Dirty Pretty Things. Après écoute, j’avais décidé de faire un post dessus, mais en fait j’ai changé d’avis. Parce que de toute façon tout le monde l’acheté maintenant qu’il est sorti. Et puis en plus je n’avais pas le bon tracklisting. Ni grand chose à dire dessus, à par faire mon grand-père grincheux. Autant de mauvaises raisons qui m’ont fait retarder l’échéance de ce post jusqu'à ce que je décide de ne pas le faire. Ce qui vaut mieux vraiment.
Parce que encore une fois vous auriez eu le droit a ma vie, mais cette fois dans la catégorie « Növö Y va à la fac », et comme je n’ai pas spécialement envie de voir ma désastreuse vie affective se répandre sur ce blog, j’abandonne l’idée de vous raconter comment j’ai rencontré la musique des Libs. Bah oui comme tout le monde, j’aurais parlé des Libs plutôt que des Dirty Pretty Things. Qu’avais-je à dire de plus que « bah comme du Kinks joué par des punks ou du Blur crade surproduit »  ? Parce les Dirty Pretty Things ont tout du non-événement musical : c’est sincère, pas toujours bien fait, un peu gonflant à la longue et totalement inégale. Voilà rien de plus à dire. Si je l’écoute plus souvent que le prochain Sonic Youth. Mais beaucoup moins souvent que le nouveau TV On The Radio.

J’avais découvert TV On The Radio tardivement, à la sortie du premier, à cause de la mélodie limpide de « Staring At The Sun » et puis surtout parce que dans TVOTR, il y a David Sitek, producteur du génial second Liars (celui du « Throbbing Gristle et Sonic Youth à la recherche de champignons hallucinogènes et de sorcières dans les bois ») et de l’amusant « Fever To Tell » aka « Jon Spencer bourré rencontre Siouxsie lubrique » des YYY’s. Et que quelqu’un capable de produire deux disques aussi différent ne peut être totalement méchant. Et puis au pire, si je n’avais pas aimé l’album, ça lui aurait fait quelques petits centimes de plus pour qu’il puisse persévérer dans sa voie de Steve Albini du nouveau millénaire (enfin tant qu’il nous ne produit pas du Goodspeed...), voilà comment j’avais déculpabilisé l’achat d’impulsion et le creusement de mon éternel découvert bancaire. Mais au final, comme à quasiment chaque d’achat d’impulsion, au bout de 2 écoutes j’avais la musique elle-même pour me déculpabiliser. Le premier TVOTR était oppressant comme un Kevin Shield hargneux et revendicatif. Un trou noir claustrophobique ou seul surnageaient quelques cuivres de temps à autre, quelques débris de rythmes électroniques au milieu d’une masse grouillante de basse sursaturée et de maigres guitares jouées en continue à la My Bloody Valentine. Des voix plaintives au-dessus, des chœurs désespérés, un doublage plus aigu de la voix principale. Un disque étrange percé d’une comptine a capella. Un quasi-chef d’œuvre. Enfin… Un disque de plus qui rate de peu l’ultime parce que trop long. Dans ce cas, une, peut être 2 chansons de trop, puisque l’homogénéité du son est une belle chose mais qui prend le risque de la lassitude. Risque qui donc ici était atteint, déchargeant émotionellement l’album, l’empêchant de le prendre à cœur, de le laisser pénétrer comme il aurait dû, c’est-à-dire comme la version contemporaine de Closer de Joy Division. En gros il contenait trop de tragédie sans trop se donner les moyens d’atteindre son but.
Au debut de l’année, tous les mp3 blog ont crépité de cette nouvelle : TVOTR  revenait, il y avait des fuites d’un mix peut être pas définitif, mais qui en tout cas promettait le chef d’œuvre. Logiquement je me suis mis en recherche active sur les MP3 blog renégats et peu fréquentables. De ceux qui proposent les albums en entier sans aucun autre commentaire, -on en a tous des adresses comme ça, qui jamais ne se mettront dans les liens, parce que c’est un peu honteux, hors de la bonne conscience du « OK je met un titre à télécharger mais pour le reste débrouillez-vous tout seul », bref c'est en quelque sorte les pornographes de la blogosphère-. Mais mes recherches ne donnèrent rien, le vide total. Un titre par si par là sur des MP3 blog « respectables » mais jamais l’album complet. Puis, enfin sur un que je ne connaissais pas et dont l’adresse me fut communiquer par le fan des Libs du début, l’album se tenait, me narguant de son petit lien vers RapidShare, perdu entre des bootlegs de Bowie et des disques d’emo. Tendant ses petits bras vers le curseur de ma souris, il ouvrit la page tant désiré, me fit composer le code donnant droit au transfert d’information vers mon ordinateur, puis se mis en marche lentement, rejoignant peu à peu ma bibliothèque iTunes où il alla retrouver son grand frère « Desesperate Youth, Blood Thirsty Babes », se disposa gentiment en bon ordre, prêt a l’écoute. Et depuis de toutes les copies numériques squattant mon disque dur c’est celle qui fonctionne le plus souvent. TVOTR a réussi un album incroyable, me réjouissant parce que réussissant mon fantasme du moment : un groupe indépendant s’adressant à tous, suffisamment exigeant avec lui-même pour éviter la pseudo recherche de « la pop song parfaite ». Une production incroyable, fourmillante de tonnes d’idées dans tous les sens, le genre d’album qui après 200 écoutes révèlent encore quelques éléments caché ici et là dans le mix, de l’influence abstract hip-hop de « I Was A Lover » à la soul cuivrée combative et désespéré de « Blues From Down Here ». Et le tout sans jamais afficher une prétention déplacée, avec une honnêté et une générosité incroyable. Un peu comme un « OK Computer » entièrement réussi, sans une plage mollase à la limite du remplissage. Voilà.
Le seul problème c’est qu’il sort le 4 juillet et que je suis en train de rédiger ce compte-rendu le 11 mai. Ce qui permettra même pas a notre blog de pouvoir être en tête de liste de Google quand les gens taperont fin juin debut juillet, « Tv on the radio return to cookie mountain ». Comme quoi je suis un gros loser puisque je suis en train de faire une chronique avant tout le monde de cet album sans même pouvoir espérer être l’élu google sur ce sujet. Avec une autre mentalité, j’ aurais pu transformer ça en une nouvelle déclinaison de l’artiste-maudit-qui-fait-tout-avant-tout-le-monde-mais-que-le-monde-ne-reconnaît-pas. Tant pis je reste sur cette critique et je continue de vous raconter cet album plutôt qu’aller draguer les moteurs de recherche et apparaître comme leur favori (ce qui est très simple il suffit que je tape le nom d’un groupe parisien coté chez les réacs de R&F et ça marche).
Donc « Return To Cookie Mountain ». À la première écoute j’ai eu un peu peur que TVOTR aillent dans le sens des charts, tant le son qui leur est propre, la claustrophobie transpirante, avait disparu. Il me semblait que tout leur univers s’était éclairé, devenu dégagé, sans aucune oppression, tendant vers un espace sonique sans limites, conviant plein d’éléments différents à colorer les chansons. Et après les monochromes du premier, c’était dur. Mais quelque chose dans cet album m’appelait en permanence, me faisait revenir et monter le son puis bientôt y aller de mes vocalises de fausset par-dessus les voix doublées et les chœurs tragiques qui eux étaient bien resté en place. En quelque sorte j’eu peur de la défaite de ce groupe devant les promesses de la vente d’albums par million, puisque ne semblaient subsister de leur style que le plus pop, les voix et les chœurs. Plus de basse sursaturé, ou plutôt étouffé sous les interventions bien en place de cuivres, de pianos et de clavier divers. Mais en réalité a la place d‘une défaite, il s’agit d’une amplitude sonore prise par rapport au premier, sacrifiant aux canons de la pop uniquement le mixage, rendant un aspect plus grand, plus ouvert. En fait, la première chose qui m’a séduit fut les percussions menant à la bataille ces voix persistantes, au son de rythme strictes, militaire et précis, aménageant à TVOTR une véritable humanité, une véritable présence simplement suggéré dans le premier. Alors se dessinait une chose nouvelle allant plus loin que le My Bloody Valentine du ghetto, une sorte de gospel-rock-soul d’apocalypse et d’une modernité sonore brûlante, d’un espace sonique, hallucinant, s’étendant à l’infini non pas sur un schéma traditionnel mais par la présence simultané, tout en se détachant, de tous les éléments.
En éclaircissant leur son, TVOTR a réussi là ou « Desperate Youth, … » péchait, donnant les moyens aux tragédies contenues dans leur musique, faisant pénétrer chaque note au plus profond, chaque larsen frappant définitivement, ne laissant jamais le souffle retomber, engageant mentalement l’auditeur sans baisse de tension. Et tout cela sans jamais être inaccessible, se donnant sans aucune prétention, presque même sans références , fléchissant les canons de la pop à l’expérimentation sans qu’elle paraisse désordonnée, dans une pureté incroyable, se donnant immédiatement à l’auditeur et pourtant révélant des trésors même bien après les premières écoutes. Tout se place comme dans un rêve, tout ce qui attendu arrive, faisant atteindre à toutes les chansons la perfection qu’elles ne pouvaient qu’avoir. Ce qui grand surtout, est le fait que bien que se plaçant dans le champ de l’expérimental, d’un certain expérimental, il se situe également dans le domaine de la pop grâce à l’éclairage particulier que donne la production à tout l’album, le grandissant sans limites, lui donnant des moyens qui ont rarement été atteints.
Face au tournage en rond de la production musical actuelle, « Return to Cookie Mountain » fait figure d’île Enchantée, de nouveau repère. Ce qui peut faire peur c’est ce qui peut arriver après, si cet album s’impose comme un nouveau canon de modernité. Car on réussi que rarement des albums comme ça, puisqu’il tourne autour de l’expérimental, de la pop et de la luxuriance. Ce qui veut dire, qu’il aurait pu aller vers la prétention, le cliquant et la bouillie sonore. Et c’est ce qui risque d’arriver s’il est suivi, risquant même de transfigurer le post-rock et ainsi de le ressusciter, de faire figure de maladie honteuse des années 2000 plutôt que de laisser ça à certains groupes revivalistes lamentables sévissant des deux cotés de la manche et de l’Atlantique (vous croyez quand même pas que j’allais faire une critique sans taper sur la scène yéyé parisienne –et oui Benjamin, je persiste !-). Et pourtant j’ai bien envie d’écrire que « …Cookie Mountain » est l’unique (ou quasiment) planche de salut de ce reste d’année, le seul album qui mérite d’être attendu avec la plus grande impatience, parce que faisant une véritable ouverture dans le tragique, capable d’embraser tout à chacun au plus profond de soi, en sorte de Closer moderne, impressionnant dans sa générosité, dans sa recherche d’absolu. C’est-à-dire le genre d’album qu’on ne peut qu’adorer et que vouloir garder à tout jamais près de soi. Il est une de ces choses exceptionnelle qui nous font s’ouvrir et nous rendre plus riche, plus heureux d’exister, dans un grand apaisement libératoire. Oui, rien que ça.

Lien (le site ne marche pas) oû on peut télécharger "Dry Drunk Emperor" (qui n'est pas sur l'album et est un peu faible face a cette merveille de "...Cookie Mountain"): MySpace de TVOTR

Növö Y

5 mai 2006

Facile:les feux de l'amour!

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5 mai 2006

Flatscape

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4 mai 2006

Acapulco in the street

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4 mai 2006

Saint Graal

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4 mai 2006

Un air des soixante-dix.

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4 mai 2006

La voûte et la pesanteur.

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