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ACD x YMC
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21 juillet 2006

Sonic Youth, "Rather Ripped"

Il y a un moment dans la vie de tout bloggeur où l’on se sent bloqué, où l’on arrive plus à écrire. Et ce moment est arrivé il y a environ deux mois. Pensant d’abord me servir du concert du Brian Jonestown Massacre à Tours pour me relancer, j’ai dû, une fois le concert terminé me résigner au fait que je n’avais absolument rien à écrire dessus tant le concert était déconcertant. Puis plus tard je ré essayait avec le concert de Gülcher à La Flèche D’Or, et là ce n’était pas que j’avais rien à écrire dessus, au contraire mais bien plutôt le fait que des concerts proposés ce soir-là, je n’avais suivi que celui-là et que je n’allais pas faire un compte-rendu d’une soirée en me basant sur un seul concert, parce que ça aurait fait quand même un peu court. Et puis comme j’avais passé beaucoup de temps à parler à Vernis Rouge, à Deadyuppie et à Emi; je n’ose pas imaginer l’état du compte rendu: du genre ma vie privée racontée avec un style à faire fuir les pires skybloggeurs.

En désespoir de cause, j’avais décidé (après une dernière tentative en téléchargeant le dernier Peaches, où là encore je n’avais quasiment rien à dire dessus à part « bah c’est Peaches, y’a des gros beat –pas de jeux de mots, merci-, des chœurs un peu vulgaires et c’est dansant » -bon à ma décharge, c’est vrai que malgré le fait que maintenant il y ai un producteur, c’est quand même vachement similaire au deuxième album-), en désespoir de cause donc, j’avais décidé de faire remonter des limbes de mon iTunes le dernier Sonic Youth en pensant naïvement avoir toujours un truc à écrire dessus. Je me suis donc réimposé l’écoute de « Rather Ripped » et rien à faire, le vide, à la fois au niveau de mon écriture que de l’album. La désagréable impression d’écouter une version FM, gentille et limite lounge de Sonic Youth (à la limite même Nelson c’est mieux), une sorte de version pour bar quasi-branchouille de province de ce qui est à présent considéré comme « leur » style.
Et de constater ça m’a fait très mal, parce que Sister est le premier album que j’ai écouté dans ma vie, j’en connais les paroles et les sonorités par cœur, ce qui pose dans ma mythologie personnelle Sonic Youth tout en haut, surplombant tout ce que j’ai pu découvrir par la suite et même des trucs bien mieux que Sonic Youth. Et là me voilà officiellement obligé d’avouer qu’ils sont devenu des mystificateurs, des humains normaux vieillissants, pondant des trucs ignobles et chiants. Bien sûr cela de date pas de cet album : depuis « Murray Street » Sonic Youth tourne en rond, rabachant en version assez cheap « 1000 Leaves » (qui lui était merveilleux) : passages instrumentaux de moins en moins inspiré, chant de plus en plus plan-plan (Thurton Moore semble de plus en plus s’enregistrer en train de chanter des berceuses à sa fille), structure des morceaux prévisibles à des kilometres (doux avec chant- break- passage « accélération du tempo »/roue libre/solo de Lee Ronaldo-reprise de la douceur et fin ; la seule chose qui change c’est la durée du passage du milieu ainsi que le degré de roue libre –enfin pour ça rien de grave, ça fait longtemps que Sonic Youth n’écris plus des « Kill Your Idols » ou des « Silver Rockets »-). Et donc après Sonic Nurse qui bien que totalement inutile sauvait encore un peu la face grâce à la voix totalement fausse de Kim Gordon, le revoilà en version chansons moins longues. Puis surtout le pire, Kim Gordon qui réapprend à chanter ne gardant à peine un souffle un peu court de  ce qu'elle avait expérimenté vocalement depuis « Bull In The Heather ». Le problème que je vis avec Sonic Youth est que je les vois réalisant une répétition assez pathétique, une sorte de fin de course, exactement comme si tout ce qu’ils avaient à dire ou à expérimenter avais été fait, les laissant dans une seule possibilité, celle du réajustement de petits détails, ce qu’ils font à présent bien volontiers il me semble.
Dans un premier temps, j’ai eu beaucoup de mal à cerner le problème que j’avais avec cet album : pourquoi j'éprouvait autant d' ennui alors que la roue libre et le manque d’inspiration qu’il affiche lui fait faire du Sonic Youth « normal », du Sonic Youth « mature » qui ne s’amuse plus à renverser du coca sur les bandes ou ni à faire du larsen durant une demi-heure. Même une répétition de "Murray Street" devrait être agréable. Ce que « Rather Ripped » n’est même pas. Comme sur "Murray Street", on trouve des digressions instrumentales qui tombent franchement dans l’ornementation inutiles, deux trois morceaux plus rapide pour un ensemble de ballades à la « Teenage Riot » totalement chiante. Mon problème avec Sonic Youth se présente ainsi : pourquoi alors que même une simple répétition devrait être bien (mais pas terriblement intéressante), cet album est une véritable plaie à écouter ? Certes on retrouve avec plaisir le battement frénétique et sourd de Steve Shelley avec un son proche de celui de "Sister", c’est-à-dire avec cette frappe proche de l’infra basse, mais c’est bien la seule chose que l’on retrouve avec plaisir. Comme je l’ai déjà dis, Kim Gordon se retrouve à chanter avec une normalité quasi effrayante, n’apportant plus rien aux chansons. Lee et Thurton quant à eux rechantent exactement comme sur les albums post-« Thousand Leaves », avec un débit lent et une volonté presque perceptible de ne vouloir faire que des ballades du type « sur le fil du rasoir », ces mêmes choses qui ont perdu l ‘indé américain des années 90 parce que totalement ennuyeuse, hors de propos et franchement anodine (brancher une guitare, faites trois accord qui se suivent très lentement et faites tourner durant 6 minutes et votre ballade est née).
Alors est-ce pour ça que l’album n’est pas écoutable sans un endormissement profond ? Pas uniquement en fait, il me semble. Parce qu’il n’est pas seulement ennuyeux, parce qu' il semble crier à chaque seconde (bon hormis celle de « Reena », chanson de remplissage pour Daydream Nation qui ici deviens de loin le meilleur de l’album) : « Sonic Youth est fini !!!! ». Ce genre de défaut  ne coule pas un groupe d’habitude, ne signifie pas que le groupe s’enfonce dans sa propre parodie,  partant sans s’en rendre compte dans la musique par habitude, dans des chansons ne signifiant rien sinon que Sonic Youth est définitivement devenu un dinosaure qui ferait mieux de splitter plutôt que de compiler les fonds de tiroirs de leur studio dans l’espoir que cela puisse former un album cohérent. Le problème ici, d’ailleurs, n’est pas tant la cohérence à l’intérieur de l’album, ça elle y est, rien ne vient troubler la marche du puissant pilote automatique. Pourquoi au final cet album je ne peux que le haïr ?

Bon comme premier élément de réponse vient de mon statut de fan quasi-ultime de Sonic Youth, qui ne peux accepter sa déception face à son Grand Mythe. Certes. Mais pas seulement.
En réfléchissant à ce post, il m’est apparu que l’expérimental pouvait se définir avant tout comme une mise à distance. C’est-à-dire que la musique créée me semble la résultante d’une sorte de mise à plat, de distanciation avec ce qui est le départ de la création, d’une sorte de confrontation entre différents éléments, un peu comme une série de choses mises en correspondance, rapproché suivant différentes logiques. Or la musique de Sonic Youth s’est toujours construite à partir d’une puissante dichotomie qui est a l’origine de leur musique, provenant a la fois du monde de l’Art et du rock’n’roll. Contrairement au reste de la No-Wave (la frange terroriste sonore de la No-Wave pas la frange Soul/Jazz –non pas le label- mal joué) le rapport qu’entretiens Sonic Youth avec le R’n’R est ambigu : bien que proche des Glenn Branca, Lydia Lunch, Michael Gira et autres JG Thirlwell, Sonic Youth n’en reste pas moins des fans absolus de rock, permettant un premier retour de Richard Hell au travers du projet Dim Star, reprenant « Bubblegum » de Kim Fowley sur "EVOL", faisant référence à Creedence avec l’album "Bad Moon Rising", ce qui leur donnent une vision plus grande et plus complexe que la No-Wave et de la post No-Wave/indus; du fait de ce tiraillement entre l’art contemporain et le rock’n’roll le plus traditionaliste et le plus commun. Au final, il me semble que ce soit ça qui leur ai permis une si longue actualité, une aussi longue prise sur l’époque, du fait de ce rapprochement particulièrement difficile à articuler et à mettre en forme qu’est la correspondance entre une forme de culture populaire (avec tous ses codes) et l’art contemporain. C'est ainisi que le développement de Sonic Youth ne pouvait se faire uniquement via une construction de l’ensemble de sa musique comme une recherche, l’aboutissement étant une mise en forme parfaite, une articulation parfaite des deux champs qu’ils cherchaient à confondre. On pourrait faire une analogie entre la carrière de Sonic Youth et le développement d’une pensée : à cette image, les albums de Sonic Youth se redéfinissent, sont contradictoires entre eux, aboutissent certaines choses, en abandonnent d’autres, mettent en correspondance certains sons, construisent en définitive à partir de la négation pur (la dureté de « Confusion Is Sex »), tentant de cerner de mieux en mieux ce qui pourrait être le rapprochement ultime du rock et de l’art. C’est ainsi qu’au fil des albums apparaissent après la phase hyper bruitiste, une construction de plus en plus élaborée des morceaux (à ce titre "EVOL" est véritablement fascinant puisqu’il introduit quasiment en direct les structures de chanson « classique » dans le bruit de "Bad Moon Rising" –lui aussi sublime d’ailleurs-,  par exemple avec des chansons comme « Tom Violence » ou « Expressway For Your Skull »). L’étape suivante sera de structurer les improvisations sur une sorte de ligne Motorik, sortes d’échappés tourbillonnantes de guitares de plus en plus oppressantes ; Puis, à partir de « Daydream Nation », ces structures s’intégreront de mieux en mieux, jusqu’à devenir des ponts et plus seulement des répétitions de plus en plus rapides de certaines lignes raides de guitare. Et ainsi, en dehors de quelques apartés, de quelque retour en arrière (comme les plages bruitistes sur « Goo » ou les chansons totalement R’n’R de « Dirty »), chaque élément de l’univers Sonic Youth évoluera, pour atteindre son apogée sur "1000 Leaves", où tout trouve une certaine place, un certain aboutissement.
Suivra ensuite un album fascinant (ou mortellement chiant c’est selon –mais quand même plus fascinant que chiant-), "NYC Ghost & Flowers" , qui est une sorte de retour  au terroriste sonore primitif de Sonic Youth par les instrumentistes raffinés de "1000 Leaves".
"NYC Ghost & Flowers" est le dernier album de Sonic Youth utile. Il est avant tout une mise à distance, une mise en correspondance entre leur début et l’apogée de leur recherche, une sorte de regard rétrospectif. Ainsi il fait figure d’exception dans la discographie de Sonic Youth, servant de mise en perspective entre ce qu’était Sonic Youth et ce qu’il est devenu. Par la suite les albums de Sonic Youth (soit "Murray Street", "Sonic Nurse" et le dernier –on ne compte pas la BO de Demonlovers ni les trucs sur leur propre label-) ne sont que des sortes de remise à niveau, apportant plus rien de véritablement neuf, montrant simplement de petits développements à chaque albums pas forcément très utile (l’ornementation instrumentale pour "Murray Street", les bonnes vieilles jams de groupes de rock pour "Sonic Nurse", et pour "Rather Ripped" simplement un effacement de tout ce qui pourrait hérisser l’oreille comme un larsen ou un accord sonnant faux). Ce qui est commun à ces 3 albums, c'est l'abandon de toutes recherches y compris formelle. Pour reprendre mon analogie avec la pensée, on se trouve au moment au Sonic Youth à fini de définir sa pensée, ne pouvant plus rien lui apporter en raison de cette forme définitive. Sonic Youth ne peut donc qu’appliquer ce résultat final à différentes situations sans gravité, un peu comme des exercices de style.
Malheureusement si la construction d’une pensée est fascinante, le résultat est souvent beaucoup moins intéressant (en considérant la démonstration comme une construction même si elle est a posteriori). C’est ainsi qu’à présent la musique de Sonic Youth  -à moins d’une remise à plat total, c’est-à-dire d’une nouvelle négation, d’un nouveau départ-  est condamnée à répéter les structures des chansons de "1000 Leaves", ne pouvant qu'espérer apporter que des légères modifications dues aux différents exercices de style auquel ils soumettent ses structures.

Il y a une autre explication possible et pas forcément contradictoire de l’épuisement de Sonic Youth. Partant d’une mise en correspondance de deux milieux alors plutôt éloigné (art et rock), Sonic Youth aura œuvré pour le rapprochement des deux jusqu'à ce qu’ils se touchent, voir qu’ils s’englobent l’un dans l’autre. Et ce rapprochement, s’il n’est pas tout à fait réalisé (heureusement il reste le métal qui est encore totalement en dehors d’une quelconque culture légitime –j’ai dit le métal, pas le noise-doom-drone à guitare distordus avec pèlerines pointues, alors merci gardez vos contre arguments avec SunnO))) et Wolf Eyes dedans pour vous, merci), existe tout de même.
Quand Sonic Youth commence, la quasi-totalité des foyers underground musicaux œuvrent contre le rock’n’roll et sa culture : en Allemagne, continuant sur la lancée du Krautrock, l’indus berlinois expérimente le bruit pur (Einstürzende Neubauten, Malaria, etc.) ; en Angleterre le post-punk (Delta 5, Gang Of Four, Slits, etc.) remet en cause le discours social de la culture rock accusé de racisme implicite et de sexisme explicite, pendant que l’indus (plus synthétique que l’Allemand) tente de traduire artistiquement les théories du contrôle dont le rock et la culture pop ne peut que faire partie tout en jouant sur la volonté de faire une musique « pour esclaves industriels » en opposition au blues, musique d ‘esclave agricole (Cabaret Voltaire, Throbbing Gristle, etc.) ; à New York, la No-Wave en expérimentant le bruit tente à grands coups de minimalisme d’en finir avec le rock, suivant l’idée que seul une apocalypse sonique pourra en triompher, discours qui dura longtemps puisqu’il est également celui qui préside à l'idée de base des Swans et de Fœtus (avant que les Swans ne se mettent à la country gothico-hanté poussiéreuse et chiante donc jusqu’à à peu près le milieu des années 80). On pourrait continuer comme ça avec à peu près toutes les grandes scènes se développant durant les années 80 (la synthpop, l’indie-pop, l’indus en règle général, la techno de Detroit, etc.).
Face à ça, l’univers de Sonic Youth se compose de façon un peu plus original d’une fascination pour le rock’n’roll et sa culture (y compris Charles Manson et autres hippies déréglés) mais également pour une pose plus artistique, une sorte de fascination pour la performance ainsi que pour un certain discours formel. C’est ainsi qu’en quelque sorte Sonic Youth ne voit pas dans le rock une culture populaire mais un terrain d’expérimentation, via une performance sonore, de l’art contemporain. C’est certainement ainsi qu’il faut voir la passion de Thurton Moore pour le hardcore naissant, comme une expérimentation inédite de violence et de minimalisme allant bien plus loin que le punk lui-même puisque se rapprochant du bruit (en concert en tout cas) et d’une véritable absence d’apprentissage de l’instrument utilisé (ou torturé c’est selon… Enfin je ne suis pas un grand fan de technique donc on va dire « utilisé »).
De manière générale, Sonic Youth adopte une sorte de préférence pour les musiques construites à partir d’une posture d’autodidacte, là encore par intérêt formel (« Comment, sans éducation musicale, un instrumentiste va/peut jouer », c’est un peu cette question qui fascine Sonic Youth –et pas qu’eux d’ailleurs, c’est un questionnement, qui en rejoignant celui de l‘improvisation est au centre des démarches, entre autres, de Genesis P-Orridge et de Blixa Bargeld-). C’est ainsi que toute la démarche de Sonic Youth se trouve être une démarche artistique consciente et pleinement revendiqué : il faut les voir en quelque sorte comme des artistes dont le champ d’expérimentation serait le rock.
Mais c’est ainsi que le rock ne peut plus être vécu comme une culture populaire (c’est-à-dire comme une signification a la fois issue et témoignant du social) mais que comme un champ artistique à investir pour la culture légitime via l’art contemporain. Et c’est dans cette démarche que les limites de leur musique se montrent. Lorsqu’ils commencent, l’art suit une ligne proche du rock : des points de rencontres existe déjà, notamment dans le psychédélisme. Mais le rock reste une sorte d’accompagnateur de l’art et n’est pas totalement investi par une posture artistique (celle qui conduira à la posture de l’intellectuel complexé de grands nombres de groupes des années 90 avec leurs prétentions terriblement sérieuse). Certes Sonic Youth a résisté longtemps à cette dérive de leur posture originel en n’affichant qu’une seule volonté : « nous sommes un groupe de rock ! » comme le rappelait Thurton Moore à la sortie de « Experimental… ». Et c'est certainement encore le discours actuel de Sonic Youth.
Mais la différence c’est que si à l’origine le discours de Sonic Youth (celui de faire du rock un champ de l’art comme les autres) avait une certaine fraîcheur , cela ne peut qu’avoir disparu à présent. Le rock est effectivement devenu un champ de l’art, peut être tout à fait considéré comme de l’art contemporain, grâce aux créations sonores de beaucoup d’enfants de Sonic Youth, devenu à leur tour expérimentateur de la matière rock. Et le problème n’est pas tant que le rock devienne de l’art que le fait qu’il devienne de la culture légitime:en se structurant comme elle, il s’abstrait du terreau social pour ne devenir qu’une expérience formelle de plus; en gros il ne signifie rien de plus qu’une abstraction sans intérêt qui sera jugé selon les règles de l’art, corrompant entièrement son essence de culture populaire, détruisant petit à petit sa signification pour devenir quelque chose que l’on exhibe et que l’on accumule.

Or il se trouve que cette chose-là, nous sommes en train de la vivre (pour ça je vous renvoie à mes autres post, parce que si vous ne l’aviez pas remarqué, en fait je ne parle pas d'autre chose). C’est ainsi que la position de Sonic Youth, la position de l’artiste investissant l’art populaire, est passée en 25 ans environ, de révolutionnaire  à profondément réactionnaire, menacé par l’élitisme. En devenant de l’art, le rock a perdu en quelque sorte. Puisque tout ce qu’il a gagné, c’est la structure de l’art, c’est de se structurer quasi ontologiquement avec ses amateurs, ses critiques, ses artistes reconnus, et la masse méprisée parce que ne pouvant goûter la beauté formelle ainsi délivrée. Il est urgent que le populaire, que le social réinvestisse le domaine du rock pour que celui-ci puisse encore dire quelque chose et pour que son existence ne s’en tienne pas uniquement à un simple plaisir formel. Puisque les artistes ont échoué en définitive , il faut peut-être penser à une autre forme de discours, peut-être penchant moins vers le formel et plus vers une conscientisation de l’acte de créer dans la culture populaire.

Et à la limite ,à la place de Thurton Moore, aduler Ian Svenonius et sa grande culture politique, puisque au final c’est de cela qu’il s’agit.

Növö Y

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Commentaires
P
wow. ça fait plaisir de lire un type qui parle aussi bien de sonic youth...et de l'art en general. merci à toi.
C
Bon je réponds à nouveau, mais Monsieur Y devrait revenir sous peu, ne vous en faites pas.<br /> <br /> Pour commencer, "pourquoi ne pas simplement aller les voir en concert?" -> parce que ce que Novö décrit dans leurs disques se retrouve aussi largement dans leurs concerts, qui sont à mon humble avis prévisibles de bout en bout et pour tout dire atrocement chiants; d'ailleurs je suis à peu près sûre que ce sont les concerts plus encore que les disques qui ont poussé Novö à se détourner de Sonic Youth.<br /> <br /> De toute façon, là n'est pas vraiment la question : le problème est de savoir si l'on considère le rock comme un simple divertissement ou comme un objet d'analyse au même titre que le cinéma ou la littérature, par exemple. Il n'y a rien de méprisable à préférer la première position, mais cela me désespère que la plupart des gens trouve totalement vaine la deuxième, y compris apparemment beaucoup de journalistes rock, ce qui est quand même un comble.<br /> <br /> A part ça, "critique des Inrocks", il ne faut pas exagérer quand même, restons courtois.
T
Amusant semble avoir un bel esprit rock n roll... Par bien des aspects, je suis d'accord avec lui. <br /> <br /> Plutôt que d'ergoter sur Sonic Youth tout au long de 20 000 signes, comme le ferait un critique des Inrocks, pourquoi ne simplement aller les voir en concert ? Ils passent près d'une fois par an à Paris, je ne les rate jamais et ne suis jamais déçu. <br /> <br /> Donner des leçons au rock, lui dire ce qu'il faut faire, et comment, c'est pisser dans un violon.<br /> <br /> Mais peut-être es-tu toi-même musicien ? ;)<br /> <br /> Cordialement,
N
Une élite peut se définir comme un groupe (ou classe) d'individus persuadé de leurs superiorité, de fait et de droit au nom d'un ensemble de valeurs qu'ils developpent à outrance (ici la valeur attribué a la culture). C'est donc une logique d'entre-soi. Or la logique de drague n'est pas une logique de groupe (en tout cas de groupe ayant conscience d'une superiorité et se vivant comme supérieur) mais une logique individuel de rapport de soi a l'autre. Donc l'utilisation d'elitisme culturel pour signifier une methode de drague est contradictoire avec la nature de l'elite.<br /> L'autre probleme dans ta proposition (la vocation d'une élite c'est de se taper de filles) c'est que tu prends un probleme social (l'elite se definit par rapport au reste de la societe) pour en faire un probleme aux résonances morales. En gros tu dépolitises un problème social pour lui donner un sens exclusivement psychologique (une strategie pour impressionner et se taper des filles). <br /> Tu confonds donc effet (l'utilisation par certains d'un discours intégralement basé sur la culture pour impressionner) et cause (la valeur culturel dans notre société qui permet le discours pour impressionner).<br /> Ensuite consernant le "c'est finit tout ça. Et c'est pas avec une paire de jeans slim et un poster de Doherty que le social va réinvestir le rock", non effectivement. Par contre c'est pas une raison pour dire que c'est fini de toutes eternité. Nous sommes devant des problemes qui sont issus de different conflits de classe. C'est donc une consequence quasi-mecanique, et tant que les differentes classes (economiques, sociales, culturelles) existeront, le social peut toujours débarquer dans une culture et lui faire exprimer quelque choses. C'est même le propre d'une culture populaire.
C
Ben c'est triste pour toi. Bonne chance quand même
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